Les Ronds De Carotte Arrangements : Thomas Fersen, Joseph Racaille (1, 7, 13) ; cordes et cuivres arrangés par Philippe Deletrez et Thomas Fersen (6, 9, 10, 11). 01. Louise 02. Au Café De La Paix 03. Hugo 04. Les Ronds De Carotte 05. Dans Les Transports 06. Un Temps De Chien 07. Ne Pleure Plus 08. Hugo, A La Bougie 09. Pommes, Pommes, Pommes 10. Un Parapluie Pour Deux 11. Pont Mirabeau 12. Bella Ciao 13. L'histoire D'une Heure 14. L'escalier -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 01. Louise Tes lèvres, Louise Sont des portes d'église Où j'entre le matin Le chapeau à la main Tes lèvres, Louise Penses-tu ce qu'elles me disent ? Ou c'est du caraco, Le rubis d'un mégot Après tout peu importe Où j'allume ma clope, Aux premiers feux du jour Ou aux foudres de l'amour, Si les miennes se grisent à tes lèvres Louise Sur tes lèvres, Louise, Les miennes sont assises, Je ne décolle plus les fesses De ce banc de messe. Tes lèvres, Louise Crois-tu ce qu'elles me disent ? Ou cette basilique Est un kiosque à musique ? Après tout peu importe Où j'allume ma clope, Si ce n'est pas l'amour, Ce sont les alentours Si les miennes se grisent à tes lèvres Louise Ta lettre, Louise Est arrivé tantôt. Des tes lèvres cerise, Elles portent le sceau. Tes lèvres, Louise, Me donnent congé, Ma rage s'épuise Sur mes ongles rongés. Paris te contient Et je suis jaloux comme un chien, Je reviens gratter à ta porte. Tes lèvres sont closes, Louise, tu m'envoie sur les roses, Dis-moi quelquechose ... Rien. Louise je ne veux plus Que tu passes la nuit En bas de l'avenue, Sous un parapluie. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 02. Au Café De La Paix Rendez-vous À la brasserie Du café de la paix, Je t'attendrai. Je porte un feutre De couleur neutre Et mon pardessus N'est pas brillant non plus. Je pos'rai mon journal Sur le bar devant moi, Je pos'rai mon journal Tu me reconnaitras. Si t'es en r'tard, Passé le quart Je prendrai un demi Pour noyer mon ennui. Si t'est en r'tard Jusqu'au soir Je prendrai un sérieux Pour le noyer mieux Je plierai mon journal Sur le bar devant moi, Je plierai mon journal Tu me reconnaitras. Lalala On ira Où tu voudras, Tu me prendras le bras Comme autrefois, On ira voir not'rue, Notre chambre au sixième, Tout ça n'existe plus Mais on ira quand même. L'annonce dans le journal Est parue il y un mois, Si tu lis ce journal, Tu te reconnaitras. Lalala On ira voir la Seine Et le coeur de Paris... Ma maison de carton Au pont Marie... On ira voir ailleurs, On ira faire fortune... On ira voir ailleurs Parce qu'il est l'heure, Les chaises sont sur les tables, C'est la fin de la fable. Je pose ce qu'il me reste Sur le bar devant moi, Trois clous et un bouton de veste, Tu n'me reconnaitras pas. La nuit étreint le ciel La nuit étreint le ciel, Aller mon rossignol, La vie est belle. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 03. Hugo Hugo a soulevé la robe de l'île, Hugo a soulevé la robe de l'île, Hugo a soufflé les bougies Et le toit de mon logis. Oh mon amour que reste-t'il ? Hugo a craché sur notre île. Hugo a soulevé la robe de l'île, Hugo a soulevé la robe de l'île, Et d'un sale oeil Hugo a vu Combien sur l'île il avait plu. Oh mon amour que reste-t'il ? Hugo a craché sur notre île. Hugo a soufflé sur nos portes Et tout pour lui fut feuille morte. Oh mon amour que reste-t'il ? Hugo a craché sur notre île. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 04. Les Ronds De Carotte Chacun aime Avoir son pauvre, Celui qu'il aide, Celui qu'il sauve. Les plus riches Me font l'aumône, Les plus chiches donnent Des pièces jaunes Et des ronds de carotte À l'époque, J'avais le blé. J'ai des cloques, J'ai le balai, Les feuilles mortes, Les vieux papiers. La fortune transporte, parfois De l'argent sous mon pied, Et des ronds de carotte. À L'époque, J'avais l'auto. Je suis en loques, J'ai le landau, J'attends la soupe populaire. Si je la loupe Qui va m'en faire ? J'aime les ronds de carotte. Les touristes Viennent et observent. Ils sont tristes Mais ils me réservent Les jetons de lave-linge, Les boutons de culotte ! De la monnaie de singe Et des ronds de carotte Et des ronds de carotte Que des ronds de carotte -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 05. Dans Les Transports Moi qui fait ce trajet Les yeux fermés, Distrait par un décret Sans intérêt, J'ai raté l'arrêt. Ainsi je resterai Pendu par la main Dans les transports en commun. Je finis ma nuit Sur la barre d'appui Sauf si l'on prend mon pied Pour un vieux papier. Dans les courbes les chromes Aimantent les mains, Mes doigts meurent sous la paume De mon prochain. "Robespierre", je vais m'asseoir, "Danton","Desmoulins", Je traverse l'histoire Sur un strapontin, Une banquette de moleskine, Un banc de sardine. La foule Est mon berceau. Je me dépêche vers toi À l'heure où l'on s'écrase. Elle appuie de tout son poids, Mais la foule est courtoise. Je reçois l'accolade Des camarades. L'hiver, le froid l'est moins Dans les transports en commun. Je me rends, mains en l'air, Par le funiculaire, Vers la chaude prison De ta combinaison. Je poursuis mon rêve Dans les transports en grève Et le dernier cahot Me réveille au dépot Dans les transports en commun Les filles sont nerveuses, Les hommes ont le pied marin Et la main baladeuse. Sur la banquette Où je me jette, Je tords, le temps est long, Mon ticket de carton. Car l'allure est modeste À cause des travaux, Et mon coeur, sous ma veste, Est un moineau. Au hasard je rencontre Le cadran d'une montre... Si je te dis en plus Que j'ai raté le bus, Avec ce retard là Tu ne m'ouvriras pas. Autant faire demi-tour Et remettre l'amour. Dans le bois, je gratte Nos deux prénoms Avec la date De péremption. Dans les transports en commun... -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 06. Un Temps De Chien //Quand mon père Me sort pour prendre l'air// Nous allons boire une bière au Wepler. Je salue des amis Demande un demi ... //Et très vite il oublie son alibi, moi. À ma place Je finis ma glace, Je commence à compter les bus, Je tire quelques bouffées Sur ma cigarette russe, Il m'est interdit de fumer plus.// Les gens à la hâte Se cherchent un abri, Car le temps se gâte Comme un fruit. //Un clodo Demande un verre d'eau, Il attend son p'tit cadeau...// Mais comme on lui refuse Quand il tend son chapeau, De sa bouche fusent Quelques nom d'oiseaux. //Ça fait !// Une fille vient s'asseoir, Poussée par la rue, Tombée du trottoir Assez nue. //Celle-là même Que je vois tous les jours Dos au mur, Rue Colaincourt...// Les jambes et les doigts Dans un réseau de soie, Elle attend les clients sur la voie. //Quelqu'un siffle, Un autre la renifle, Je me dis : "Quel temps de chien !"// Le nez dans le journal, Je choisi mon cheval Car le client quelquefois ce fut moi. //Les amis s'en vont Au son du clairon,// Au rythme des tours De la porte à tambour. //Quand mon père Me sort pour prendre l'air// Nous allons boire une bière au Wepler. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 07. Ne Pleure Plus La Seine est en crue, La Seine est dans la rue Les berges sont noyées Et les arbres ont rouillés. La Seine est dans la rue, L'océan ne boit plus, Les oiseaux se sont tus. On t'a jeté du sable, Un voyou t'a voulu Une peine inconsolable Dont tes yeux sont l'issue. Et ta première larme, Le caniveau l'a bue. Ça n'était qu'une larme, Ça n'était qu'un début Car la Seine est en crue La Seine est dans la rue, L'océan ne boit plus Et le Zouave éternue. Pont Alexandre III, Les lions sont aux abois, Les chats sont sur les toits Et les poissons chez moi. Des pigeons confondus Croient que l'heure a sonné, Sur une branche de salut Ils attendent Noé. Ne pleure plus, ne pleure plus La Seine est dans la rue, On n'avait jamais vu Autant d'eau épandue. Un blanc sec sur le zinc Vaut mille wassingues Pour, toute peine bue, En essuyer la crue. Mais toi tu n'as pas soif, Tu remplis les carafes Et les carafes pleines Tu remplis les fontaines. Les miroirs ont ce charme, Ils multiplient les choses Se reflétant, tes larmes Redoublent et arrosent //Ne pleure plus !// Un saule au bord de l'eau Pleure de tristes rameaux. Les rameaux c'est discret, Toi tu pleures des forêts Où revivent ces brocarts Qui t'invitent à tuer Et qui reviennent boire À tes yeux embués. Dis que tu pleures pour rire, Ou pour mieux engloutir Les violons du souvenir Sous le pont des soupirs. Tes éclats en sanglots Bouleversent les marées, Un cheval au galop Est rejoint dans la baie. Le marin ne sait plus À quel saint se vouer Voyant flux et reflux Emporter ses bouées, Emporter son chalut Et sa coque trouée, Lançant ses bras tendus Et d'une voie enrouée : //"Ne pleure plus !"// Ne pleure plus, ne pleure plus, Les digues sont rompues Et des paquets de mer Pèsent sur tes paupières, Et les vagues déferlent À la moindre risée En cascade de perles Comme un collier brisé Par un joli voleur Que la rue a instruit, Qui maraude ton coeur Comme un vulgaire fruit. Est-ce le fleuve Amour Qui roule ses eaux noires De fleuve sans espoir Dans le lit du trottoir ? Ou ce sont les chimères Plus douces que l'étreinte ? Et ces larmes amères Un caprice ? Une feinte ? La fumée ou l'oignon, La venue de l'automne, La fin d'une chanson, Pas grand-chose en somme : //Ne pleure plus !// Car la Seine est en crue, La Seine est dans la rue L'océan ne boit plus, Les oiseaux se sont tus, //Ne pleure plus ! // -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 08. Hugo, A La Bougie Hugo a soulevé la robe de l'île, Hugo a soulevé la robe de l'île, Hugo a soufflé les bougies Et le toit de mon logis. Oh mon amour que reste-t'il ? Hugo a craché sur notre île. Hugo a soulevé la robe de l'île, Hugo a soulevé la robe de l'île, Et d'un sale oeil Hugo a vu Combien sur l'île il avait plu. Oh mon amour que reste-t'il ? Hugo a craché sur notre île. Hugo a soufflé sur nos portes Et tout pour lui fut feuille morte. Oh mon amour que reste-t'il ? Hugo a craché sur notre île. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 09. Pommes, Pommes, Pommes Pommes, pommes, pommes C'est l'automne Si monotone, C'est triste, triste, triste Les feuilles mortes, Les flaques d'eau, Le vent dans la ruelle qui emporte les journaux. À Boulogne, C'est de saison Les enfants Ramassent des marrons. En caressant l'automne Un balayeur fredonne : "Pommes, pommes, pommes ... Oh mon amour, Le jour viendra Où tu refleuriras." La nuit tombe, On s'étonne, Ces feuilles sur le sol ? Et oui, c'est l'automne. Un homme sans toit Occupe un banc de bois, On le montre aux enfants qui n'obéissent pas. C'est l'automne, C'est l'automne, Et de temps en temps, L'hiver montre ses dents. Et la nuit sous les ponts, On gèle jusqu'au trognon De pomme, pomme, pomme. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 10. Un Parapluie Pour Deux J'habite au sixième Une chambre sans vue, À la semaine, La semaine ou la rue. Je laisse mes quatre murs entre eux Quand le ciel est bleu, Je prends un parapluie pour deux Quand le ciel est pluvieux. Avec toi, on n'est pas pieds nus Pour aller dans la rue. Je descends sans lumière À cause du propriétaire, Je paye au lance-pierre. Je laisse mes quatre murs entre eux Quand le ciel est bleu, Je prends un parapluie pour deux Quand le ciel est pluvieux. Avec toi, on n'est pas pieds nus Pour aller dans la rue. À tous les étages, On rencontre des gens Qui vous dévisagent Sans desserer les dents. Je descends quatre à quatre Quand le ciel est bleu, Je descends sur la rampe Quand le ciel est pluvieux Avec eux, on n'est pas pieds nus Pour aller dans la rue. Ici la brique est rousse Et les murs en sont noirs, Et les filles sont douces Sur ces fonds repoussoirs. Je laisse mes quatre murs entre eux Pour les mauvais trottoirs, Je prends un parapluie pour deux S'il commence à pleuvoir. Allez viens, on n'est pas pieds nus Pour aller dans la rue. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 11. Pont Mirabeau Pont Mirabeau, Je ramasse un rameau, Je le jette dans l'eau Et je le regarde. Je crache d'en haut, Je crache dans l'eau Et le fleuve m'emmène Vers le Havre Un vieux corbeau Pense tout haut Que je devrais être à l'école. Cela n'est pas faux, Mais il fait beau Et le tableau noir me désole. Le tourniquet Ne m'a pas vu passer Je ramasse un ticket, Je file. Et sur le quai, Libre d'un vase cassé Fuit un joli bouquet De filles. La solitude Me fait marcher, Elle a un humour impossible. Elle fait trembler Le petit archer, À chaque fois il rate sa cible. Qu'on soit âgé Ou bien jeune usager, On regarde ses pieds, Pensif. Le ciel est bleu, Le train remue sa queue, On se bouscule un peu : "Passy". On saute la Seine, C'est un ruisseau D'un coup de rame de métro. Le pont Bir-Hakeim Se reflète en ciseaux Sur le fil de l'eau. Seulent en terrasses, Les feuilles mortes s'entassent Sur quelques chaises Oubliées. Et sur les places, Les fontaines Wallace Attendent l'été, Désoeuvrées. Comment trouver une chaussure à mon pied ? Je ramasse une gifle Quand je siffle. Je fais le beau, Je tourne autour du pot Et mes phrases tombent à l'eau, Poncifs. Comment trouver une chaussure à mon pied ? Je vais chez le fripier, Je m'habille. Je suis élégant, Qui dirait que ces gants Sont de deuxième main De fille ? Une inconnue Semble perdue, Elle cherche sa rue dans la mienne. À première vue, Elle m'avait plu mais Elle entre dans les vespasiennes. Dans mes foulées Pèse le jour écoulé. Ma vigueur, au couchant, Décline Avec le chant D'un clochard affalé Sur le banc de l'allée Des cygnes. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 12. Bella Ciao Una mattina Mi son'svegliato O bella ciao, bella ciao Bella ciao, ciao, ciao Una mattina Mi son'svegliato E ho trovato l'invasore. O partigiano Porta mi via O bella ciao, bella ciao Bella ciao, ciao, ciao O partigiano Porta mi via Che mi sento di morire. E se io muoio Da partigiano O bella ciao, bella ciao Bella ciao, ciao, ciao E se io muoio Da partigiano Tu mi devi seppellire. Mi seppellirai Lassù in montagna O bella ciao, bella ciao Bella ciao, ciao, ciao Mi seppellirai Lassù in montagna Sotto l'ombra d'un bel fiore E la gente Che passerà O bella ciao, bella ciao Bella ciao, ciao, ciao E la gente Che passerà E dirà : "O che bel fiore". E questo il fiore Del partigiano O bella ciao, bella ciao Bella ciao, ciao, ciao E questo il fiore Del partigiano Morto per la libertà -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 13. L'histoire D'une Heure C'est l'histoire d'une heure Perdue quai aux fleurs, Une heure à rêver Aux objets trouvés, Une heure à t'attendre, À regarder vendre Quelques fleurs coupées, Quelques fleurs de mai. C'est l'histoire d'une heure Perdue sans humeur, Une heure à rêver À ton arrivée, Une heure dans la rue À faire le pied de grue, À faire les cent pas Et quelques entrechats. Quel drôle de ballet, Mon petit manège Intrigue les poulets Du quai des orfèvre. Un coup de sifflet, Une paire de bracelets, Et sous les verrous Une histoire de fous : "C'est l'histoire d'une heure, messieurs, À vous expliquer, C'est l'histoire d'une heure Perdue sur le quai." C'est l'histoire d'une nuit Perdue dans un puit À faire des aveux, Les violettes aux yeux. On cherche un assassin, Et moi le petit saint Ma faute est sublime : J'ai perdu l'heure du crime. Qui retrouvera Une heure devant soi, Une heure à attendre, Voudra bien me la rendre. C'est l'histoire d'une heure Perdue quai aux fleurs, Une heure à rêver Aux objets trouvés. Et dans ma prison Je chante ma chanson À mes heures perdues (Je ne les compte plus). -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 14. L'escalier L'escalier tourne Dans l'immeuble où je perche, L'escalier monte Au septième où je crèche. Quand dans sa vrille Je lâche une bille, À la rembarde J'écoute sa cascade Jusqu'à la rue, Sa course tordue. Je lâche un rot Dans ses anneaux. Je sonne aux portes Et mes jambes m'emportent, L'escalier gronde Que c'est quand même un monde. J'habite au 2 rue papillon, Vous reconnaîtrez la maison. Chaque nuit, L'escalier me tourmente. Dans son puit, Montent mes eaux dormantes. Je vois des pièges Dans ses arpèges. L'escalier craque, La concierge me traque, À coups de trique J'apprends la musique : Leçon d'morale Dans la spirale Et dans la cage, Je promet d'être sage (Parole d'oiseau Derrière les barreaux). J'habite au 4 rue de la Lune, Ceci est un couplet nocturne. Chaque jour Je grandis de la sorte Qu'un beau jour, Je me baisse aux portes. Quant à l'amour, Je tourne autour Dans l'escalier, Quand elle me dit bonjour, C'est un rosier Grimpant dans une tour. Contre la rampe, Entre deux lampes Et entre ses bras, Je quitte l'âge ingrat. Sous le riz, Nous quittons la mairie. J'habite au 6 rue de la gaîté, La porte n'est jamais fermée.