La Cigale Des Grands Jours Cet album contient un DVD comprenant la vidéo du live ansi qu'un document de la tournée, le vidéoclip de "Deux Pieds" et le tournage de ce vidéoclip. Ainsi qu'un CD audio du live (Les paroles disponibles ici sont celles du cd). Concerts enregistrés les 20 et 21 novembre 2003 à La Cigale (Paris). Parole et musique : Thomas Fersen. 01. Deux Pieds 02. Diane De Poitiers 03. Les Cravates 04. Né Dans Une Rose 05. Monsieur 06. Pièce Montée Des Grands Jours 07. La Chauve-Souris 08. Bucéphale 09. Louis 10. Borborygmes 11. Croque 12. Rititi, Ratata (Il Paraît Qu'elles Aiment) 13. Le Chat Botté 14. Saint Jean Du Doigt 15. Les Malheurs Du Lion -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 01. Deux Pieds On me dit que je suis paresseux Que je ne fais que ce que je veux C'est à dire, pas grand chose On dit que je me repose Je suis désolé Je n'ai que deux pieds Je n'ai que deux pieds Franchement désolé La vaisselle envahit l'évier Et le linge déborde du panier J'ai les ch'veux sales, je suis barbu, Mais m'en vais mon café bu Je suis désolé Je n'ai que deux pieds Je n'ai que deux pieds Franchement désolé Dans la rue il y a des travaux Et moi j'aime regarder les travaux On me dit : "du balai, plus vite que ça s'il vous plaît" Je suis désolé Je n'ai que deux pieds Je n'ai que deux pieds Franchement désolé Elle me dit que je suis en retard Que je me coiffe avec un pétard Elle veut déplacer les meubles J' suis pas là pour déplacer les meubles ! Je suis désolé Je n'ai que deux pieds Je n'ai que deux pieds Franchement désolé -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 02. Diane De Poitiers Que fait donc en ce lieu, Parmi ces messieurs, Cette blonde aux bras nus, Si nus qu'elle éternue, Dans ses doigts, elle se mouche Et pour s'rincer la bouche, Elle commande un cognac, Puis un autre cognac, Je lui dis à l'oreille: "T'es belle comme Diane de Poitiers, Veux tu prendre la moitié De mon lit si t'as sommeil ?" Elle me répond, je cite: "Il faut pas que tu t'excites, Ce n'est pas c'que tu penses, Je suis restée vieille France." "C'est d'accord, je t'acceuille, Moi je dors dans le fauteuil En tout bien, tout honneur, Comme un frère et une soeur, Toi le lit, moi la banquette, À la bonne franquette, C'est d'accord pour ce soir, Moi je dors dans la baignoire. Certes, je ne suis pas un saint Et quand la lumière s'eteint, Je n'ai pas toujours dit non Mais jm'en remet à Platon Pour nous deux c'est plus sage, Vu la difference d'âge, Non ce soir pas d'folies Chacun dans son lit. Soit je ne suis pas un moine, J'dissipe mon patrimoine Dans ce bar un peu glauque, Ma voix est dev'nue rauque À la suite des abus Mais ce soir j'ai rien bu, Non, ce soir je suis strict, Le devoir me le dicte. J'ai rien d'un ecclésiastique, Ma conscience est élastique Et si j'fais mon examen, J'suis pas dans l'droit chemin, Non, je ne suis pas très pieux Quand c'est l'heure d'aller au pieu, Je fais rarement ma prière, J'préfère une petite bière. Certes je ne suis pas un prêtre, Ce s'rait mal me connaître, Et les soirs de pleine lune, J'en ai détournée plus d'une, Mais faut pas rester dehors Avec tout ces délinquants, Sois tranquille, moi je dors Sur le lit de camp. Soit, j'suis pas un chérubin, Faudrait que j'prenne un bain, Que je rase sur mes joues Cette barbe acajou, Et mon linge n'est pas net, Enfin, pour être honnête, Ce matin dans le bus, J'ai attrapé une puce. Les nuits d'hiver sont longues Dans ma baignoire oblongue, Elles sont longues et frisquettes, Surtout sur la banquette, Le divan du séjour, Le canapé d'velours, Le fauteuil Louis-Phillipe. À ch'val sur les principes! C'est d'accord, je t'accueille, Moi je dors dans le fauteuil En tout bien, tout honneur, Comme un frère et une soeur, Toi le lit, moi la banquette, À la bonne franquette, C'est d'accord pour ce soir, Moi je dors dans la baignoire." -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 03. Les Cravates J'devrais être heureux comme un pape, J'ai un noeud pap', J'suis invité, Moi qui aime traîner la savate, Les belles cravates Et l'oisiveté, Et discuter du grand amour, Cravate de v'lours, Pour toute la vie Même si la vie ça fait beaucoup Cravate au cou, À mon avis, Je suis sapé comme un notaire, Cravate, blazer, Et nous dansons. Hélas! il commence à m'en cuire, Cravate de cuir, Et j'me morfonds "Cravates à pois, cravates de soie" J'en ai ras l'bol, à la Coupole, Cravate au col, De boire du thé Quand je préfère aller jouer, Cravate dénouée, Ma chance aux dés. Le mariage n'est plus à la mode, Cravate en solde, En cette saison Et jamais je ne moisirai, Cravate à raies, Dans une prion. Alors au lieu de me morfondre, Cravate de Londres, J'file à l'anglaise. Avec ça j'emporte vos ronds Cravate marron Pour être à l'aise "Cravates à pois, cravates de soie" D'abord vous vous laissez abttre Cravate verdâtre, Vous m'regretterez Et puis vous serez écarlate, Comme ma cravate, Quand vous pigerez. Mais moi j'aurais pris les devants, Cravate au vent, Ainsi qu'le soin Dans vot' Triumph décapotée, Cravate mouchetée, De changer de coin Avant que la colère ne darde, Cravate moutarde, Son aiguillon Et que l'on songe à m'arrêter, Me cravater Au portillon. "Cravates à pois, cravates de soie" Avant qu'cette histoire ce termine, Cravate d'hermine Par un procès, Qu'on me confisque tout : ceinture, Cravate bien sûr, Et mes lacets, Adieu, et j'emporte l'argenterie, Cravate rubis, Et vos bijoux Pour m'offrir les cravates que j'aime, C'est-à-dire crème, Merci mon chou. Je m'en vais ailleurs me faire pendre, Cravate de chanvre, Adieu bauté, Et pis m'en jetter un derrière La lavallière À vot' santé -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 04. Né Dans Une Rose Je suis né dans une rose Et pour les besoins d'la cause, J'ai fait ma valise. Quand j'ai eu dix-huit ans ferme, Adieu, j'ai quitté la ferme Avant qu'ça m'défrise. Car pour zigouiller poule, Ben y fallait que j'me saoule Avec du whisky Sachant qu'à la vue du sang J'suis aux abonnés absents, Je m'évanouis. J'ai trouvé dans ma chaussure Un nécéssaire de coiffure, Le jour de Noël : Des ciseaux, un peigne en os, Une tondeuse, un fer, une brosse Et le manuel. Alors j'ai nourri l'espoir, Tout en pressant sur la poire Du vaporisateur, De tout j'ter dans un torchon, Et avec ce baluchon De changer d'secteur. À peine sauté du camion, Me suis r'trouvé dans l'bouillon, Ce fut délicieux De friser la pharmacienne Avec mon fer et mon peigne. Quant à ces messieurs, C'est toujours la même coupe, Celle de Riquet à la houppe, Mais quand on se plaint, J'abandonne la mèche folle pour une bonne vieille coupe au bol À la Du Guesclin. Parfois cette envie de fou, Celle de leur trancher le cou, Fait trembler ma main, De leur tailler aux ciseaux Les deux oreilles en biseau, J'en prend le chemin. Mais pour zigouiller poule, Ben y fallait que j'me saoule Avec du whisky Sachant qu'à la vue du sang J'suis aux abonnés absents, Je m'évanouis. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 05. Monsieur Les passants sur son chemin Soulèvent leurs galures, Le chien lui lèche les mains Sa présence rassure. Voyer cet enfant qui beugle, Par lui secouru, Et comme il aide l'aveugle A traverser la rue. Dans la paix de son jardin Il cultive ses roses; Monsieurs est un assassin Quand il est morose. Il étrangle son semblable Dans le bois d'Meudon Quand il est inconsolable, Quand il a l'bourdon. A la barbe des voisins Qui le trouve sympathique, Monsieur est un assassin, Je suis son domestique, Et je classe ce dossier Sous les églantines, Je suis un peu jardinier Je fais la cuisine. Il étrangle son prochain Quand il a le cafard, Allez hop! Dans le bassin Sous les nénuphars. Et je donne un coup de balai Sur les lieux du crime Où il ne revient jamais, Même pas pour la frime. Sans éveiller les soupçons, Aux petites heures Nous rentrons à la maison. (Je suis son chauffeur). Car sous son air anodin, C'est un lunatique, Monsieur est un assassin, Chez lui c'est chronique. Il étrangle son semblable Lorsque minuit sonne, Et moi je pousse le diable, Dans le bois d'boulogne. Le client dans une valise Avec son chapeau, Prendra le train pour Venise Et un peu de repos. Il étrangle son semblable Dans le bois d'Meudon Quand il est inconsolable Quand il a le bourdon. A la barbe des voisins Qui le trouve sympathique, Monsieur est un assassin. Je suis son domestique. Vous allez pendre monsieur, Je vais perdre ma place, Vous allez pendre monsieur, Hélas! Trois fois Hélas! Mais il fallait s'y attendre Et je prie Votre Honneur, Humblement, de me reprendre Comme serviteur, Et je classerais ce dossier Sous les églantines, Je suis un peu jardinier Et je fais la cuisine. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 06. Pièce Montée Des Grands Jours C'est une nuit conventionnelle, Un chien aboie, une chouette hulule, Les prisonniers dans les cellules Rêvent de creuser un tunnel. Mais avec une petite cuillère, Il faudrait être un peu naïf, La prison n'est pas un gruyère, Si au moins j'avais un canif Je vous fais porter une brioche Public : Fourrée avec une pioche Dix mètre de corde environ Public : Dans la dinde aux marrons, Si vous goûtez la mortadelle, Publice : N'avalez pas la pelle. Ce n'est pas tout car j'ajoute Une lime dans le pâté en croûte Et dans le petit pot de beurre, Une pince-monseigneur Dans la purée pas de grumeaux, Public : Seulement le chalumeau Dix mètres de corde environ Public : dans la dinde au marrons Un vilebrequin dans le ragoût, Public : Ca lui donnera du goût Mais un poil dans la choucroute Moi franchement ça me dégoûte. Filez avant que le jour se lève Si vous trouvez la fève. C'est une nuit conventionnelle, Un chien aboie, une chouette hulule, Les prisonniers dans les cellules Rêvent de creuser un tunnel. Je cherche sans y parvenir une position pour dormir Aboie le chien, hulule la chouette, Je m'allume une cigarette, J'imagine un cigare qui fume, Une pâtisserie qui vaut l'détour, Une danseuse avec une plume Dans la pièce montée des grands jours Pourvue d'un pistolet en sucre, Dotée de pièces en chocolat, Bonnes à manger, pas pour le lucre J'les cacherai pas sous mon matelas Je vous fais porter une brioche Public : Fourrée avec une pioche Dix mètre de corde environ Public : Dans la dinde aux marrons, Si vous goûtez la mortadelle, Public : N'avalez pas la pelle. Ce n'est pas tout car j'ajoute Une lime dans le pâté en croûte Et dans le petit pot de beurre, Une pince-monseigneur Dans la purée pas de grumeaux Public : Seulement le chalumeau Dix mètres de corde environ Public : Dans la dinde au marrons, Un vilebrequin dans le ragoût, Public : Ca lui donnera du goût. Mais un poil dans la choucroute, Moi franchement ça m'dégoûte. Filez avant qu'le jour se lève Si vous trouvez la fève. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 07. La Chauve-Souris Une chauve-souris Aimait un parapluie, Un grand parapluie noir Découpé dans la nuit, Par goût de désespoir Car tout glissait sur lui, Une chauve-souris Aimait un parapluie (bis). Elle marchait au radar, Le sommeil l'avait fuie, Elle voulait s'mettre à boire, Se jeter au fond d'un puits. Une chauve-souris Aimait un parapluie, Un grand parapluie noir Découpé dans la nuit (bis). Sans jamais s'émouvoir Pour cette chauve-souris, Le grand parapluie noir Sortait de son étui. Il prenait sous son aile Soin d'une belle de nuit Qui, boulevard Saint-Marcel, Le nourrissait de pluie. Puis le grand accessoire Se mit à voyager Dans son bel habit noir, Son habit noir de jais. Après les palabres, Pour faire un peu d'osier, Un avaleur de sabres Le mit dans son gosier (bis). A un acrobate, Servit de balancier, Un vendeur de cravates Le prit comme associé, Puis il se déplia Sur une permanente, Puis il se déplia Car il pleuvait sur Nantes (bis). Une chauve-souris Demoiselle de la nuit, Une chauve-souris, Aimait un parapluie. Elle vint chercher l'oubli Au fond d'un vieux manoir Où elle mourrait d'ennui Pendant que le parapluie Menait au Père-Lachaise Une vie de bâton d'chaise. Un jour de mauvais temps, Un jour de mauvais temps, Un brusque coup de vent lui mit les pieds devant. On le laissa pour mort Dans quelque caniveau, On le laissa pour mort Avec le bec dans l'eau (bis). En voyant son squelette Qui faisait sa toilette Parmi les détritus Et les denrées foutues, "C'est la chance qui m'sourit !" Hurla la chauve-souris, "Je le croyais perdu, Le manche est revenu (bis)". Riant comme une baleine Pleurant comme une madeleine, Une chauve-souris Aimait un parapluie. Ils allèrent se dire oui Dans l'grenier d'la mairie, Une chauve-souris Aimait un parapluie (bis). -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 08. Bucéphale Si ce maudit canasson Remportait cette course Ça renflouerait ma bourse Et noierait le poisson. Si ce maudit canasson Remportait cette épreuve, Peu importe qu'il pleuve, Ça sauverait la saison. Si ce vieux Bucéphale N'est pas le bon cheval, Je mange mon journal Si ce maudit canasson Gagne sur le papier, Il reste à recopier Tout ça sur le gazon. Si un autre canasson Vient mettre le désordre, Il me reste la corde, La balle ou le poison. Si ce vieux Bucéphale N'est pas le bon tuyau, Je mange mon chapeau Si ce maudit canasson Renaissait de ses cendres, Je serais l'Alexandre Du débit de boisson. Mais si un autre équidé Sort du cornet à dés, Je rend mon tablier Et je me fais oublier Si ce vieux Bucéphale Ne vaut pas un jeton, Je mange mon melon Sur ce maudit canasson, J'ai joué mon alliance Pour sauver la finance, Redorer mon blason. J'ai le coeur qui galope Et les poumons qui jonglent, Je fume clope sur clope. Et je mange mes ongles. Si ce vieux Bucéphale Ne sauve pas la mise Je mange ma chemise. Hélas le vieux Bucéphale Est coiffé d'un cheveu Par son petit-neveu (Il s'en fallait d'un poil). Ce n'est que partie remise! Si cette jument grise N'est pas le bon filon, J'avale mon pantalon. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 09. Louis Tes lèvres, Louise Sont des portes d'église Où j'entre le matin Le chapeau à la main Tes lèvres, Louise Penses-tu ce qu'elles me disent ? Ou c'est du caraco, Le rubis d'un mégot Après tout peu importe Où j'allume ma clope, Aux premiers feux du jour Ou aux foudres de l'amour, Si les miennes se grisent à tes lèvres Louise Sur tes lèvres, Louise, Les miennes sont assises, Je ne décolle plus les fesses De ce banc de messe. Tes lèvres, Louise Crois-tu ce qu'elles me disent ? Ou cette basilique Est un kiosque à musique ? Après tout peu importe Où j'allume ma clope, Si ce n'est pas l'amour, Ce sont les alentours Si les miennes se grisent à tes lèvres Louise Ta lettre, Louise Est arrivé tantôt. Des tes lèvres cerise, Elles portent le sceau. Tes lèvres, Louises, Me donnent congé, Ma rage s'épuise Sur mes ongles rongés. Paris te contient Et je suis jaloux comme un chien, Je reviens gratter à ta porte. Tes lèvres sont closes, Louise, tu m'envoie sur les roses, Dis-moi quelquechose ... Rien. Louise je ne veux plus Que tu passes la nuit En bas de l'avenue, Sous un parapluie. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 10. Borborygmes Roselyne et moi, nous regardons l'plafond, Mon estomac produit des borborygmes, Mon oesophage fait des bruits de siphon, Je n'y peux rien, le ventre est une énigme. Quoi qu'il en soit, j'aimerais filer d'ici, D'autant que son genou appuie sur ma vessie. Je n'aurais pas la jambe ankylosée Si nous avions des lits superposés. Autant aller fumer dans les waters, Je sais c'que c'est que de dormir par terre. J'en ai passé des heures au bord du lit, Quand ma moitié ronflait comme un grizzly. Tissu au mur et mobilier ancien, Il est affreux ce masuqe vénitien, J'ai vu les mêmes hier à Monoprix, Sont les pensées qui meublent mon esprit. Quoi qu'il en soit, ça manque d'aération, D'autant que son haleine vient dans ma direction. Elle n'aurait pas la bouche qui fermente, Si elle suçait des bonbons à la menthe. Autant aller fumer dans les waters, Je sais c'que c'est que de dormir par terre. J'en ai passé des heures sur le balcon, À la fenêtre, ou au bout du wagon. Quoi qu'il en soit, elle voudrait vivre seule. Tanpis pour elle car même si on s'engueule, C'est suffisant un lit de camp pour deux. On ne fait qu'un quand on est amoureux. Autant aller fumer dans les waters, Je sais c'que c'est que de dormir par terre. J'en ai passé des heures sur le balcon, À la fenêtre, ou au bout du wagon. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 11. Croque Quand je rentre à la maison, Elle me dit souvent Que j'ai une tête d'enterrement Et elle a raison, Je travaille au cimetière, C'est inconstetable, Je laisse ma tête au vestiare Et je me mets à table. Faut pas se laisser abattre, J'ai une faim de loup, Moi je mange comme quatre Et je bois comme un trou Puis je retourne au cimetière Travailler d'mon mieux, Digérer mon pot de bière Et mon croque monsieur. Pendant l'oraison du prêtre J'ai un petit creux, Moi je pense à ma côtelette, À mon pot-au-feu. Aux prmières couronnes de fleurs J'ai déjà la dent, C'est mon estomac qui pleure À chaque enterrement. Comme un côté du cimetière Est inhabité, J'ai planté des pomems de terre Dans l'intimité. Et dans ma jaquette noire, Entre deux services, Je donne un coup d'arroisoir Et je cours à l'office. Je gratte, je bine et je bêche, Quelle heureuse surprise Quand je trouve un ver pour la pêche, Je range ma prise Dans une boîte en fer blanc. Le temps est superbe, Voilà un coin épatant Pour déjeuner sur l'herbe. À présent qu'a sonné l'heure L'heure du goupillon, Je pense à mes pomems vapeur, À mon court-bouillon Et quand tombent les premières gouttes Sur mon haut-de-forme, C'est mon ventre qui glougloute, Mon ventre qui grogne. Parfois je croque un oignon, Parfois une gousse d'ail, Parfois même un champignon Est une victuaille, Il faut faire avec, Ce n'est pas copieux Car ces oraisons du prêtre On en voit pas la queue. Le vent chasse les nuages, C'est providentiel, Un grand disque de fromage Tourne dans le ciel, La faim me monte à la tête, J'avale mon chapeau, Un bouton de ma jaquette Et un pauvre mulot. Je n'suis pas dans mon assiette, Je vais rendre l'âme, Quand je pense à mes paupiettes, À mon croque-madame. a fait trop longtemps qu'ça dure, Je m'allonge un peu Sur le tapis de verdure Et je ferme les yeux. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 12. Rititi, Ratata (Il Paraît Qu'elles Aiment) Dans mon harmonium, Y'a une araignée énorme, Je lui joue de la musique, Y paraît qu'ça pique. Elle est venue faire son toit Dans la robe de bois De mon harmonium, Comme elle est mignonne. "rititi, ratata" Dans mon harmonium, Y'a une araignée énorme, Je lui joue des requiem, Y paraît qu'elles aiment. Elle est très gentille Mais j'suis comme les filles, Ca me fout la trouille, Paraît qu'ça chatouille. "rititi, ratata" Dans mon harmonium, Y'a une araignée qui lorgne Du côté de ma personne, Paraît qu'ça saucissonne, Que ça mange son époux Comme un vulgaire pou Après la marche nuptiale, Paraît qu'c'est normal. Moi dans mon délire, Ca m'fait défaillir, Et quand elle promène Son gros abdomen, J'me vois à la morgue, Alors sur mon orgue, Je joue pour la veuve, Paraît qu'elle s'émeuvent. "rititi, ratata" Dans mon harmonium, Y'a une araignée énorme, Y'a une araignée géante, Est-ce qu'elle est vivante ? Elle ne bouge plus, Comme elle est velue ! Moi ça m'horripile, Faudrait qu'elle s'épile. "rititi, ratata" Paraît qu'ça les berce D'entendre la messe. Trop tard je l'assomme, Que Dieu me pardonne, Avec mon missel De communion solennelle, Ma femme s'impatiente, Elle est pas contente : "On dirait Simone, On dirait qu'tu lorgnes Du côté de ma personne Comme une araignée énorme, Celle qui mange son époux Comme un vulgaire pou Après la marche nuptiale, Ce n'est pas normal." "rititi, ratata" -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 13. Le Chat Botté Je travaille au "Chat Botté" Dans le centre-ville, Je vends l'hiver et l'été, des mules en reptile C'est mon destin je suppose, J'ai quinze ans d' maison, Ca sent pas toujours la rose, C'est le reblochon Dans le cas de cette fillette Qui tend son pied droit, Son prénom doit être Berthe, Pointure 43. Il est l'heure de mon sandwich Mais je n'ai plus faim Asphyxié par une péniche, Telle sera ma fin. On ne veut plus les quitter Quand on les enfile Essayer c'est adopter Les mules en reptile Je surveille au "Chat Botté" Derrière mes lentilles, Au rayon des nouveautés, Une longue fille, Elle regarde les savates Et puis finalement Elle me dit qu'elle convoite Les mules en serpent. Elle me confie son pied nu Comme à une soeur. Il est fin, petit, menu, Bref, sans épaisseur. Je le respire, je le flaire, Enfin je le hume, Je voudrais mettre sous verre Ce qui le parfume. On ne veut plus les quitter Quand on les enfile Essayer c'est adopter Les mules en reptile Jamais eu au "Chat Botté" Cette démangeaison, Cette envie de bécoter En quinze ans d' maison, Je repousse l'idée sotte, L'idée saugrenue, L'idée d' proposer la botte A cette inconnue, Quand soudain le carillon Annonce la nuit Et pareille à Cendrillon, La fille s'enfuit Me laissant désappointé, La mule à la main, Elle s'enfuit du "Chat Botté", Passe son chemin. On ne veut plus les quitter Quand on les enfile Essayer c'est adopter Les mules en reptile J'me faufile dans la réserve J'entrouvre la boîte, Tout le parfum que conserve la pantoufle droite Me traverse les narines, Dilate mon coeur, Me réchauffe la poitrine Comme une liqueur. Moi qui avais le bourdon, J'ai la chair de poule, Et même la chair de dindon Quand j'éteins l'ampoule, Il me semble être avec elle, Elle à mes côtés, Je rêve d'une vie nouvelle Loin du "Chat Botté" -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 14. Saint Jean Du Doigt Elle a les ch'veux mayonnaise, Moi j'ai un pull caca d'oie, Elle c'est Jeanne et moi c'est Blaise, Ca s'passe à Saint-Jean-du-Doigt. Faudrait que j'monte sur une chaise Car elle est plus grande que moi, Faudrait que j'monte sur une chaise, Ca va mieux quand elle s'asseoit. J'suis comme au pied d'la falaise Quand son grand corp se déploie, Je respire ses charentaises Et c'est son nombril que j'vois. "Allez Jeanne, y'a pas d'malaise, Viens donc admirer chez moi, Mes estampes japonaises Et pis mon chapeau chinois." Elle a vingt ans, j'en ai treize, Et c'est vrai qu'j'ai les pieds froids Mais mon coeur est une braise Et je n'suis pas maladroit Pour danser la Sainte-Jeannaise Qu'on danse à Saint-Jean-du-Doigt Elle m'a fait une clef anglaise Quand jl'ai crue prête à l'emploi. J'ai pris une douche écossaise, C'était chaud pis c'était froid, Une chaleur de Genèse Pis l'mercure à moins trente-trois. Erreur, fallait pas qu'je biaise, Fallait pas sortir du bois Car la Jeanne, elle est pas niaise Même si elle a qu'un p'tit pois. Elle a les ch'veux mayonnaise, Moi j'ai un pull caca d'oie, Elle c'est Jeanne et moi c'est Blaise, Ca s'passe à Saint-Jean-du-Doigt. Fixé avec une punaise, Epinglé à la paroi, Pour la regarder à l'aise, J'ai mis son portrait chez moi. Soit dit entre parenthèses, Faut pas l'crier sur les toits, C'est mon polochon que j'baise, Vous imaginez ma joie. -+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+- 15. Les Malheurs Du Lion Au café, rêvait un lion Devant sa consommation. Il voit venir une abeille Vêtue d'un tailleur que raye Le noir avec le soleil, Une petite merveille. Elle grésille, elle bourdonne Avec l'accent de Narbonne Et gentiment elle butine Un diabolo grenadine. Ainsi rêvassait le lion Devant sa consommation. Il voit venier un moucheron Vêtu d'un complet marron Avec des ailes sur le tronc Et une mèche sur le front, Qui grésille, qui zézaye Avec l'accent de Marseille, Qui lui casse les oreilles Et lui arrive à l'orteil. "Hé, petit, je suis le lion. Allez, va jouer au ballon. Tu peux t'éponger le front, Avoir les jambes en coton, Ici, c'est moi le patron, C'est moi qui donne le ton. Tu zézayes, tu grésilles Et tu tournes autour des filles, Un conseil : tiens-toi tranquille Ou tu vas t'asseoir sur le grill. T'es épais comme une fourmi Et tu veux t'battre avec mi ! Allez, soit raisonnable, je suis trop fort. Si tu t'en prends à la pègre Tu finiras dans l'vinaigre, Allez, tiens-toi tranquille, sinon t'es mort." Le lion n'a rien vu venir. Le moucheron, sans prévenir, Lui a mis un coup d'saton A la pointe du menton. Il n'en revient pas, le lion, Et ce n'est qu'un échantillon, Un coup dans les testicules, "Ca c'est de la part de Jules ! J'aime pas tellement qu'on m'bouscule Quand j'me rince les mandibules." Cette histoire est une fiction. Moi, j'ai rencontré le lion. J'lui ai mis, c'est ridicule, Un coup dans les testicules, Il m'a dévoré tout cru Au beau milieu de la rue. Je grésille, je zézaye Et dans mon dos j'ai des ailes, J'ai l'éternité au ciel Grâce à mon exploit de la veille.