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AC/DC - Let There Be Rock - The Movie - Live In Paris Thomas Fersen - Pièce Montée Des Grands Jours System Of A Down - Hypnotize Franz Ferdinand - Franz Ferdinand

Purportail Utopique


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Thomas Fersen :
. 7 album(s)
. maj le 14-04-2005
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Thomas Fersen

Thomas Fersen

Un auteur-compositeur-interprète français.
Il est accompagné de nombreux musiciens qui ne sont pas répertoriés ici en raison du manque d'information considérable.

"Pour moi, la chanson participe de la même chose que la madeleine de Proust, c'est une victoire sur le temps, la mort. De toute façon, j'ai toujours été un fuyard, un rêveur."
Thomas Fersen - Les Inrockuptibles 1999


Quelques liens :
Fersen.free.Fr
Thom4s Fersen
Tôt ou Tard
Asterios
YuriKo le 25-09-2004 @ 18:54
màj zik le 14-04-2005 @ 00:36

Composition

Thomas Fersen

Thomas Fersen []
[Chant]
Thomas Fersen est né le 4 janvier 1963 à Paris.

Albums

Le Bal Des Oiseaux []
[31-01-1993]
Les Ronds De Carotte []
[31-03-1995]
Le Jour Du Poisson []
[31-03-1997]
Qu4tre []
[29-02-2000]
Triplex []
[30-09-2001]

Triplex

Triplex []

l'album

30-09-2001
Cet album contient trois cd qui sont chaqun des enregistrements des concerts suivant :
1. La Cigale, Juin 2001
2. Le cabaret de Montréal, Mai 2001
3. L'européen, Juin 1998

1-01. La Chauve-Souris

Une chauve-souris
Aimait un parapluie,
Un grand parapluie noir
Découpé dans la nuit,
Par goût de désespoir
Car tout glissait sur lui,
Une chauve-souris
Aimait un parapluie (bis).

Elle marchait au radar,
Le sommeil l'avait fuie,
Elle voulait s'mettre à boire,
Se jeter au fond d'un puits.
Une chauve-souris
Aimait un parapluie,
Un grand parapluie noir
Découpé dans la nuit (bis).

Sans jamais s'émouvoir
Pour cette chauve-souris,
Le grand parapluie noir
Sortait de son étui.
Il prenait sous son aile
Soin d'une belle de nuit
Qui, boulevard Saint-Marcel,
Le nourrissait de pluie.

Puis le grand accessoire
Se mit à voyager
Dans son bel habit noir,
Son habit noir de jais.
Après les palabres,
Pour faire un peu d'osier,
Un avaleur de sabres
Le mit dans son gosier (bis).

A un acrobate,
Servit de balancier,
Un vendeur de cravates
Le prit comme associé,
Puis il se déplia
Sur une permanente,
Puis il se déplia
Car il pleuvait sur Nantes (bis).

Une chauve-souris
Demoiselle de la nuit,
Une chauve-souris,
Aimait un parapluie.
Elle vint chercher l'oubli
Au fond d'un vieux manoir
Où elle mourrait d'ennui
Pendant que le parapluie
Menait au Père-Lachaise
Une vie de bâton d'chaise.

Un jour de mauvais temps,
Un jour de mauvais temps,
Un brusque coup de vent
lui mit les pieds devant.
On le laissa pour mort
Dans quelque caniveau,
On le laissa pour mort
Avec le bec dans l'eau (bis).

En voyant son squelette
Qui faisait sa toilette
Parmi les détritus
Et les denrées foutues,
"C'est la chance qui m'sourit !"
Hurla la chauve-souris,
"Je le croyais perdu,
Le manche est revenu (bis)".

Riant comme une baleine
Pleurant comme une madeleine,
Une chauve-souris
Aimait un parapluie.
Ils allèrent se dire oui
Dans l'grenier d'la mairie,
Une chauve-souris
Aimait un parapluie (bis).

1-02. Bijou

Dans les plis des rideaux
Se cachent les assassins,
Mais les plis de ton corps
Sont plus dangereux encore.
Tu me prends par la main,
Tu promène mes phalanges
Et nous dérangeons les anges
Endormis sur ce chemin.

Tu t'assois sur mon chapeau,
Tu n'écrase pas tes mégots,
Tu siffles mon Cognac
Et ton rire est démoniaque,
Tu viens frapper un grand coup
Dans ma vie de hibou
Mais pour tes beaux yeux, Bijou,
Mon coeur fait le Jacques.

Bijou est dans la vis
De l'escalier d'service,
Elle vient frapper à la porte
De ma vie de cloporte.
Et même si elle me propose
Ce que durent les roses,
Je troque mon bouquin
Pour le lit à baldaquin.

Tu viens chez moi, tu m'enfumes,
Tu m'traite de vieux légume,
Tu siffles mon Cognac
Et ton rire est démoniaque,
Tu viens frapper un grand coup
Dans ma vie de hibou
Mais pour tes beaux yeux, Bijou,
Mon coeur fait le Jacques.

Bijou est dans la vis
De l'escalier d'service,
Elle vient frapper : toc, toc, toc,
Dans ma vie de cloporte.
Dans mon petit lit cage,
Tu m'apportes des oranges
Avec cette allure étrange
Qui fait parler les voisins.

Tu mets ton doigt sur l'oeilleton,
Tu m'traites de vieux crouton,
Tu siffles mon Cognac
Et ton rire est démoniaque,
Tu viens frapper un grand coup
Dans ma vie de hibou
Mais pour tes beaux yeux, Bijou,
Mon coeur fait le Jacques.

Et sous les couvertures,
J'alterne les lectures :
Un poème d'Edgar Poe
Avec celui de ta peau.
Cette fois je fais ma prière
Et je fume la dernière
Aux genoux de mon bourreau
En pleurant comme un veau.

Tu t'assois sur mon chapeau,
Tu n'écrase pas tes mégots,
Tu mets le feu à la chambre,
Tout est réduit en cendres,
De ma vie de hibou,
Il ne reste rien du tout
Mais pour tes beaux yeux, Bijou,
Mon coeur fait le Jacques.

1-03. Louise

Tes lèvres, Louise
Sont des portes d'église
Où j'entre le matin
Le chapeau à la main
Tes lèvres, Louise
Penses-tu ce qu'elles me disent ?
Ou c'est du caraco,
Le rubis d'un mégot

Après tout peu importe
Où j'allume ma clope,
Aux premiers feux du jour
Ou aux foudres de l'amour,
Si les miennes se grisent
à tes lèvres Louise

Sur tes lèvres, Louise,
Les miennes sont assises,
Je ne décolle plus les fesses
De ce banc de messe.
Tes lèvres, Louise
Crois-tu ce qu'elles me disent ?
Ou cette basilique
Est un kiosque à musique ?

Après tout peu importe
Où j'allume ma clope,
Si ce n'est pas l'amour,
Ce sont les alentours
Si les miennes se grisent
à tes lèvres Louise

Ta lettre, Louise
Est arrivé tantôt.
Des tes lèvres cerise,
Elles portent le sceau.
Tes lèvres, Louises,
Me donnent congé,
Ma rage s'épuise
Sur mes ongles rongés.

Paris te contient
Et je suis jaloux comme un chien,
Je reviens gratter à ta porte.
Tes lèvres sont closes,
Louise, tu m'envoie sur les roses,
Dis-moi quelquechose ...
Rien.

Louise je ne veux plus
Que tu passes la nuit
En bas de l'avenue,
Sous un parapluie.

1-04. Les Papillons

Sans attendre la quille
Je sors de ma coquille
Désertant la caserne
Qui me gouverne
Pour flâner dans la rue
Avec d'autre recrues
Dans nos manteaux d'hiver,
Papillons verts.
C'est au coeur de la ville
La vie civile
Que nos soldes sont bues
Les bourgeoises enchantées
De se désargenter
D'aller faire les boutiques
Papillons chics...

Les papillons... les papillons...

Le diable nous emporte
Avec les feuilles mortes
Au grand bal des fantômes
Papillons jaunes
Ou dans quelque manège
Sous les flocons de neige
Angéliques et mouillants,
Papillons blancs.
La cigarette au bec
Je poursuis ma cueillette
En regardant descendre
Un papillon de cendres
Dans l'anonymat
D'une salle de cinéma
Parmi d'autre poussières
En habit de lumière...

Les papillons... les papillons...

Dire que mes vingt ans
J'les passe à tuer l'temps
Sans connaître la gloire
D'être un seul soir
Un as de la voltige
Matador de vingt piges
Un coquelicot qui bouge,
Papillons rouges.
Moi c'est grisé d'alcool
Que je prends mon envol
Dans la rue vers minuit,
Papillons gris
La Lune les libère
Et sous les réverdères
Ce sont les noctambules
Qui déambulent...

Les papillons... les papillons...

Parfois parmi le nombre
On voit une ombre
Qui fait parler ses yeux,
Papillons bleus
Mais on n'écoute rien
On pense à autre chose
Quand ses lèvres nous causent,
Papillons roses
Et parfois on la suit
Sous son grand parapluie
Mais son prénom nous fuit,
Papillons d'nuit
Et quand le lendemain
Il reste sur la main
L'ombre de son parfum
Tout un jardin
Elle est déjà loin
Elle n'est plus qu'un point
Et c'est le désespoir
Papillons noirs...
Car sur le guéridon
Griffoné au crayon
Il reste un papillon :
"Adieu léon".

Les papillons... les papillons...

1-05. Un Parapluie Pour Deux

J'habite au sixième
Une chambre sans vue,
À la semaine,
La semaine ou la rue.
Je laisse mes quatre murs entre eux
Quand le ciel est bleu,
Je prends un parapluie pour deux
Quand le ciel est pluvieux.

Avec toi, on n'est pas pieds nus
Pour aller dans la rue.

Je descends sans lumière
À cause du propriétaire,
Je paye au lance-pierre.
Je laisse mes quatre murs entre eux
Quand le ciel est bleu,
Je prends un parapluie pour deux
Quand le ciel est pluvieux.

Avec toi, on n'est pas pieds nus
Pour aller dans la rue.

À tous les étages,
On rencontre des gens
Qui vous dévisagent
Sans desserer les dents.
Je descends quatre à quatre
Quand le ciel est bleu,
Je descends sur la rampe
Quand le ciel est pluvieux

Avec eux, on n'est pas pieds nus
Pour aller dans la rue.

Ici la brique est rousse
Et les murs en sont noirs,
Et les filles sont douces
Sur ces fonds repoussoirs.
Je laisse mes quatre murs entre eux
Pour les mauvais trottoirs,
Je prends un parapluie pour deux
S'il commence à pleuvoir.

Allez viens, on n'est pas pieds nus
Pour aller dans la rue.

1-06. Marie-Des-Guérites

Chaque jour à la caserne,
Je trace un petit bâton
A la craie sur la cloison
En attendant un jour de perm'.
Pour pas mourrir à la tâche
Dans ma vareuse pistache,
Je cache mon existence
Dans les lieux d'aisance.

Et dans ce repli du monde,
Ma pensée vagabonde,
Avec une marguerite,
J'attends Marie-des-guérites.

Au conseil de réforme
J'me suis présenté en forme,
En forme de grand échalas.
En dépit de mes pieds plats,
J'suis passé sous les drapeaux,
J'suis passé sous les ciseaux,
Sous la tondeuse et la toise
Et le petit toit d'ardoise.

Et dans ce repli du monde,
Ma pensée vagabonde,
Avec une marguerite,
J'attends Marie-des-guérites.

En attendant qu'elle inspecte
Mon petit établissement,
Je nettoie, je désinfecte
Jusqu'a l'éblouissement.
Nue sur une peau de bique,
Elle fait l'objet d'un tableau,
L'objet d'un mosaïque
Cachée derrière la chasse d'eau.

Et sur ce beau brin de blonde,
Ma pensée vagabonde,
Avec une marguerite,
J'attends Marie-des-guérites.

Un an à tourner en rond
Dans le carré des saisons,
Et dans les commodités,
J'ai le temps de méditer
La morale des dictons
Qui fleurissent sur les murs
Et dans l'esprit des grivetons
Malgré l'action du bromure.

Et dans ce repli du monde,
Ma pensée vagabonde,
Avec une marguerite,
J'attends Marie-des-guérites.

Il paraît que Diogène
Habitait dans un tonneau,
Moi, mon prénom c'est Eugène,
Je l'écris dans les goguenots.
Parmis les dessins obcènes
Qui constellent la paroi,
Je fais des petites croix
Pour chasser le cafard d'ébène.

Et dans ce repli du monde,
Ma pensée vagabonde,
Avec une marguerite,
J'attends Marie-des-guérites.

Chaque jour à la caserne,
Je trace un petit bâton
A la craie sur la cloison
En attendant un jour de perm'.
A cause d'un obus sans gène
Sur la cabane à Eugène,
Ma carrière de biffin,
Brutalement, a pris fin.

Et sur le chemin de ronde,
Mon âme vagabonde,
Sous une marguerite,
J'attends Marie-des-guérites.

1-07. Irène

Quand je bois une bière de bohème,
Moi qui suis un buveur d'eau,
Je vois de roses pachydermes,
Mais cette fois il y a du nouveau.
Quand je bois une bière de bohème,
Pas le moindre éléphanteau,
Je reçois mademoiselle Irène
Dans le réduit de mon cerveau.
Elle illumine ma lanterne,
Certains prénoms sont si beaux.
Je reçois mademoiselle Irène
Comme une colombe dans mon chapeau.

Je reçois mademoiselle Irène
Dans le réduit de mon cerveau,
Est-elle, cette maison de reine,
Dans votre annuairedes châteaux ?
Si je pouvais saisir les rênes,
Détourner cette rame de métro
Et prendre la fuite à Varennes
Au lieu de me rendre au bureau
De poste où je trie des centaines,
Des milliers de colis postaux.
Je confonds Rennes avec Irène
Dans le réduit de mon cerveau.

Parfois je m'endors sur la chaîne
Et j'entends dire dans mon dos
Qu'a quinze ans j'ai pas eu d'veine
De m'piquer avec le fuseau.
Si j'avais une fée pour marraine,
Je lui demanderais ce cadeau,
Me donner les lèvres d'Irène
Plutôt que la brûlure d'un mégot.
Et comme dans les livres d'étrennes,
On s'enfuirait dans un traîneau
Emmené par quatre rennes,
Avec le tintement des grelots.

Et quand vient la fin de la semaine,
Que faire de mes jours de repos ?
J'aimerais sortir avec Irène
Mais comme je n'ai pas de culot,
Je vais seul à la fête foraine
Et j'me fais tirer les tarots
Par une cartomancienne
Pour savoir quel sera mon lot.
Et selon cette bohémienne,
Mon avenir est clair comme de l'eau,
Elle voit de roses pachydermes
Et une solitude sans défaut.

1-08. Juillet

Le ciel est si tendre
Le ciel est si doux
Les oiseaux chantent
Le soleil est roux
La brise est mourrante
Le tremble s'ébroue,
C'est juillet, c'est juillet
Partout

Oh mon amour, quelle chance
Tout semblait t'attendre
Et là parmi tout
Tu tombes des nues,
Parfaitement nue,
C'est juillet, c'est juillet
Partout

Oh mon amour, le jour nous attend,
Ces soirs d'été
Durent l'éternité.
Au coeur de ce champ
Allons nous coucher,
C'est juillet, c'est juillet
Partout

Avec le soir
Le ciel enfile sa chemise noire,
L'orage est mûr
Il va pleuvoir
Sur mon pays
Ivre de pluie
C'est juillet, c'est juillet

1-09. Je T'attendais

Pour passer l'temps dans le métro
J'ai acheté des cerises
Je t'attendais mon amour,
Je t'attendrai toujours
Tu le sais

Je guettais ton sourire
Ton sourire, ton bonjour
Je t'attendais mon amour,
Je t'attendrai toujours
Tu le sais

J'entendrais les coups sûrs
Et tout le monde autour
Entendra les coups sourds
De mon petit tambour,
Je le sais.
Aux puces de Clignancourt,
Au marché aux bestiaux,
Je t'attendais mon amour...
Tu le sais

Vendeur de roses à la sauvette,
Joueur de clarinette
Dans les courants d'air chaud
Du métro la Muette,
Je t'attendais mon amour,
Je t'attendrai toujours
Au fur et à mesure
Des rames de velours,
Tu le sais.

Si tu n'arrive pas
Le temps m'emportera,
Je t'attendrai toujours
Tu le sais

Pour passer l'temps dans le métro
J'ai acheté des cerises
Je t'attendais mon amour,
Je t'attendrai toujours
Soudain c'est toi je cours
Et j'avale un noyau
J'ai si mal aux boyau
Je casse mon tambour

Au métro Père Lachaise,
Au métro Père Lachaise
Tu passeras fatalement
Dans l'couloir où j't'attends.

1-10. Tchi-Tchi

Tu n'as que seize ans et faut voir comme
Tu affoles déjà tous les hommes !
Est-ce ton oeil si doux
Qui les mine ?
Ou bien les rondeurs de ta poitrine
Qui les rend fous ?

{Refrain:}
O catalinetta bella ! Tchi-tchi
Ecoute l'amour t'appelle Tchi-tchi
Pourquoi dire non maintenant ? Ah... ah...
Faut profiter quand il est temps : Ah... ah...
Plus tard quand tu seras vieille, Tchi-tchi
Tu diras, baissant l'oreille, Tchi-tchi
Si j'avais su dans ce temps-là... Ah... ah...
O ma belle Catalinetta

Malgré les jolis mots, les invites,
Tu remets à demain, tu hésites...
Ca c'est, en vérité,
Ridicule !
Dis-toi bien, au fond, que tu recules
Pour mieux sauter !

{Refrain}

Pourquoi donc te montrer si rebelle ?
L'amour c'est une chose éternelle !
Demande-le, crois-moi,
A ta mère ;
Elle l'a chanté avec ton père,
Bien avant toi !

{Refrain}

2-01. Monsieur

Les passants sur son chemin
Soulèvent leurs galures,
Le chien lui lèche les mains
Sa présence rassure.
Voyer cet enfant qui beugle,
Par lui secouru,
Et comme il aide l'aveugle
A traverser la rue.
Dans la paix de son jardin
Il cultive ses roses;
Monsieurs est un assassin
Quand il est morose.

Il étrangle son semblable
Dans le bois d'Meudon
Quand il est inconsolable,
Quand il a l'bourdon.
A la barbe des voisins
Qui le trouve sympathique,
Monsieur est un assassin,
Je suis son domestique,
Et je classe ce dossier
Sous les églantines,
Je suis un peu jardinier
Je fais la cuisine.

Il étrangle son prochain
Quand il a le cafard,
Allez hop! Dans le bassin
Sous les nénuphars.
Et je donne un coup de balai
Sur les lieux du crime
Où il ne revient jamais,
Même pas pour la frime.
Sans éveiller les soupçons,
Aux petites heures
Nous rentrons à la maison.
(Je suis son chauffeur).

Car sous son air anodin,
C'est un lunatique,
Monsieur est un assassin,
Chez lui c'est chronique.
Il étrangle son semblable
Lorsque minuit sonne,
Et moi je pousse le diable,
Dans le bois d'boulogne.
Le client dans une valise
Avec son chapeau,
Prendra le train pour Venise
Et un peu de repos.

Il étrangle son semblable
Dans le bois d'Meudon
Quand il est inconsolable
Quand il a le bourdon.
A la barbe des voisins
Qui le trouve sympathique,
Monsieur est un assassin.
Je suis son domestique.

Vous allez pendre monsieur,
Je vais perdre ma place,
Vous allez pendre monsieur,
Hélas! Trois fois Hélas!
Mais il fallait s'y attendre
Et je prie Votre Honneur,
Humblement, de me reprendre
Comme serviteur,
Et je classerais ce dossier
Sous les églantines,
Je suis un peu jardinier
Et je fais la cuisine.

2-02. Chez Toi

C'est gentil chez toi,
Et depuis un mois
Que tu me reçois,
Ben je m'apperçois
Que c'est un peu mon toit,
Que les choses me tutoient,
Elles parlent de moi,
Elles parlent de toi.

Depuis le bahut breton
Jusqu'a la commode,
Me revient tout un feuilleton
En dix épisodes.
Sur cette vieille marquise
Toute défoncée,
La première nuit fut exquise,
Pas moyen d'pioncer.
Je voulais reprendre mon souffle,
Revenir à la vie,
En me traitant de pantoufle,
Tu m'as poursuivi.
Tu m'as rejoint sur ce pouf
Plutôt mort que vif,
Je n'ai pas eu le temps de dire "ouf",
J'étais dans tes griffes.
Ce fauteuil à grand dossier
Brodé d'une rose,
Fait parti des initiés,
Il sait quelque chose.
Nous avons notre secret,
Chaise de jardin.
Et ce petit tabouret
Est un vieux copain.
Depuis que j'ai jeté le masque
D'honnête plombier,
Il a supporté nos frasques,
Ton pauvre sommier.
Jusqu'a cette nouvelle bourrasque,
Vendredi dernier,
Où tu m'a laissé mou et flasque
Dans ton pigeonnier.

C'est gentil chez toi,
Et depuis un mois
Que tu me reçois,
Ben je m'apperçois
Que c'est un peu mon toit,
Que les choses me tutoient,
Elles parlent de moi,
Elles parlent de toi.

Mais pas assez à mon goût
Car je le sent bien,
Elles ne me disent pas tout
Et l'envie me vient
De fouiller dans tes affaires
Pendant ton absence,
Tant pis si je vais en enfer
Où à la potence.
Je soulève le matelas,
J'ouvre les tiroirs,
Je plonge et je fais un plat
Dans l'eau du miroir.
J'ouvre ton journal de bord,
Quel calendrier !
Anatole, Alphonse,Hector,
Je n'suis pas l'premier.
J'interroge ton calepin,
J'essaye tes bas,
Je mélange Arsène Lupin
Et Ali Baba.
Et puis soudain je sursaute
Comme pris en faute,
Mes yeux se posent sur toi
Dans un cadre en bois.
Je m'allonge sur le lit,
Rongé de remords,
Lui aussi est démoli,
Il n'a plus d'ressorts.
Ca me rend neurasténique,
Ces antiquités,
Vaudrait mieux plier boutique
Et puis tout quitter

Mais c'est gentil chez toi,
Et depuis un mois
Que tu me reçois,
Ben je m'apperçois
Que c'est un peu mon toit,
Que les choses me tutoient,
Elles parlent de moi,
Elles parlent de toi.

2-03. Moi Qui Me Croyais Un Saint

Moi qui me croyais un saint
Il m'est apparu
Que j'ai un côté malsain
Donnant sur la rue.
Sous mes lunettes en écaille,
Je louche un p'tit peu
Du côté de la canaille
Timide et honteux.
Et du frêle collégien,
Je quitte l'emploi,
Mes pas dans ceux des vauriens,
En marge des lois.

Moi qui me croyais un saint
Il m'est apparu
Que j'ai un côté malsain
Donnant sur la rue.
Et je troque l'auréole
pour une casquette
Et les fumées de l'alcool
Dans une guinguette.
J'vais fêter mes fiançailles
Avec le milieu,
Loin des beaux quartiers d'Versailles,
Dans les mauvais lieux.

Je vais jouer au jardin,
Oui, mais quelquefois
Je mets de l'eau dans mon vin,
Je tourne et je bois.
J'troque mes lunettes en écaille,
Mes lunettes de bleu,
Je deviens Jésus-la-Caille,
Baron du milieu.
Et les filles du collège,
Hautaines autrefois,
Désormais me font cortège
Et jouent avec moi.

Moi qui me croyais un saint
Il m'est apparu
Que j'ai un côté malsain
Donnant sur la rue.
Sous mes lunettes en écailles,
Je louche un p'tit peu
Du côté de la canaille
Timide et honteux.
Mais pour sortir du bottin,
C'est moins dangereux
D'être doucement cabotin,
De rêver un peu.

2-04. Je Suis Dev'nue La Bonne

Je suis dev'nue la bonne
Tout ce mal que j'me donne
Pour faire partie des meubles.
Jamais un bouquet de roses
Comme quand j'étais ta chose,
Pas l'amour qui t'aveugle.
Une autre est à la mode
De caractère commode
Me voilà dans l'pétrin.
Autant laisser ouverte
Sur ma vie de plante verte
La porte du jardin...

Qu'un beau cambrioleur
Vienne cueillir mon coeur
Où tu l'as oublié.

Pas d'danger que j'pleurniche
Sur ma vie de potiche
J'me f'rai pas supplier
Pour le suivre en silence
Avec le chien d'faïence
Et le valet muet,
Avec le bas de laine,
Mon corp long et fluet
Roulé dans un tapis
J'aurai vite déguerpi.
Je forme ce souhait

Qu'un beau cambrioleur
Vienne cueillir mon coeur
Où tu l'as oublié.

Je prendrai bien le pli
De m'glisser dans son lit
Et d'être le jouet
D'un amour de bandit,
Ca m'donnerait, comme on dit,
Un petit coup de fouet

Qu'un beau cambrioleur
Vienne cueillir mon coeur
Où tu l'as oublié...

On retrouv'ra aux puces
Mon buste de Vénus
Posé sur un rayon,
Entre une main de Fatma
Et un lot d'Panamas
Tombé du camion.

2-05. Elisabeth

Ma montre est passée sous une roue,
Elle a disparu dans un trou.
J'ai raté le dernier métro.
Je sais, c'est une fois de trop
Mais je ne suis pas un menteur,
Mon amour, tu me serres le coeur.
Si un mensonge s'y dissimule
Que je sois transformé en mule,

Fais pas la tête,
Elisabeth.

Il me fallait des cigarettes,
Un miroir aux alouettes,
Et puis j'ai acheté du fil blanc
Ainsi qu'des salades et du flan.
Tu vas t'imaginer des choses,
Regarde, j'ai apporté des roses.
Si un mensonge les intoxique
Que je sois transformé en bique.

Fais pas la tête,
Elisabeth.

On se croirait au tribunal !
Je suis en retard, point final.
En retard, c'est encore trop tôt
Pour la potence ou le poteau.
Tu sais, je suis digne de foi,
Tu peux avoir confiance en moi.
Si un mensonge sort de ma bouche
Que je sois transformé en mouche,

Fais pas la tête,
Elisabeth.

Tu sais, je suis un enfant d'choeur,
J'ai été élevé chez les soeurs,
Si j'ai la faute au fond des yeux
C'est par ce que je suis sur le feu.
Je te donne ma parole de scout,
Tu ne peux pas la mettre en doute.
Si un mensonge sort de mon crâne
Que je sois transformé en âne,

Fais pas la tête,
Elisabeth.

C'est l'heure de passer aux aveux,
Tu me croiras si tu veux,
J'ai rencontré un vieux copain,
D'ailleurs, je dois le voir demain.
Va pas t'imaginer des trucs,
Que je fabule ou que je truque
Car si je mens pour le copain
Que je sois changé en lapin,

Fais pas la tête,
Elisabeth.

C'est vrai, il m'a fallu du temps,
C'est vrai, il m'a fallu dix ans,
C'est vrai, j'ai pas écrit souvent,
Et toi, t'es rentrée au couvent,
Mais t'es jolie sous la cornette,
Non ce ne sont pas des sornettes.
S'il en sort une de mon chapeau
Que je sois changé en crapeau,

Fais pas la tête,
Elisabeth.

Il me fallait des cigarettes,
Un miroir aux alouettes,
Et puis j'ai acheté du fil blanc
Ainsi qu'des salades et du flan.
Tu vas t'imaginer des choses,
Regarde, j'ai apporté des roses.
Si un mensonge les intoxique
Que je sois transformé en bique.
En mule, en mouche ou en chameau,
En bique, en souris, en crapeau.

2-06. Dugenou

Dans la cour de l'école
On m'appellait pot de colle,
Dans la cour du bahut
On m'appelait la glu,
On m'appelait la sangsue,
On m'appelait le morpion,
Enfin bref, on m'donnait
De jolis petits noms.
Pour se faire un blason,
Fallait s'battre dans la rue
Sous les acclamations.
Mais en tant qu'avorton,
Vu mes dispositions
pour la boxe à main nues,
Me suis fait cracher d'sus
Et appeler Tartempion.

Mais la nuit
Dans mes rêves,
On m'appelait :
Mon p'tit lu,
Ma colombe,
Mon Jésus,
Mon loukoum
Ou ma Fève.

Dans la cour de l'immeuble
Je regardais les filles,
Je faisais partie des meubles,
J'étais de la famille,
J'était l'frère de ma soeur.
Et malgré ma douceur,
Quand je m'approchais d'elles,
Je tenais la chandelle.
Elles voulaient des boxeurs
Et des déménageurs
Et des maîtres nageurs
Mais pas l'frère de ma soeur.
Elles voulaient du robuste
Et du poil au menton,
Moi j'étais uin arbuste
Et j'avais des boutons.

Mais la nuit
Dans mes rêves,
Elles m'appelaient :
Mon p'tit lu,
Ma colombe,
Mon Jésus,
Mon loukoum
Ou ma Fève.

Dans les allées du parc
On m'appelais cuisse de mouche,
J'attirais les maniaques
et les saintes nitouches.
Et les fois peu nombreuses
Où nos mains se joignaient,
Ma petite amoureuse
Me tordait le poignet.

Mais la nuit
Dans mes rêves,
Elle m'appelait :
Mon p'tit lu,
Ma colombe,
Mon Jésus,
Mon loukoum
Ou ma Fève.

On me tape dans le dos !
On m'appelle mon vieux,
On soulève son chapeau,
On m'appelle monsieur,
"Mon vieux" pour les intimes
Et "monsieur" pour tout l'monde,
Un monsieur anonyme
Dont les rues sont fécondes.

Mais la nuit
Dans mes rêves,
On m'appelait :
Mon p'tit lu,
Ma colombe,
Mon Jésus,
Mon loukoum
Ou ma Fève.

Quand mon cerveau est mou,
On m'appelle Dugenou.
Quand mon cerveau est lent,
On m'appelle Dugland.
Dans mon automobile,
Au milieux des klaxons,
Dans mon automobile
On m'appelle Ducon.

Mais la nuit
Dans mes rêves,
On m'appelait :
Mon p'tit lu,
Ma colombe,
Mon Jésus,
Mon loukoum
Ou ma Fève.

2-07. Dans Les Transports

Moi qui fait ce trajet
Les yeux fermés,
Distrait par un décret
Sans intérêt,
J'ai raté l'arrêt.
Ainsi je resterai
Pendu par la main
Dans les transports en commun.

Je finis ma nuit
Sur la barre d'appui
Sauf si l'on prend mon pied
Pour un vieux papier.
Dans les courbes les chromes
Aimantent les mains,
Mes doigts meurent sous la paume
De mon prochain.

"Robespierre", je vais m'asseoir,
"Danton","Desmoulins",
Je traverse l'histoire
Sur un strapontin,
Une banquette de moleskine,
Un banc de sardine.
La foule
Est mon berceau.

Je me dépêche vers toi
À l'heure où l'on s'écrase.
Elle appuie de tout son poids,
Mais la foule est courtoise.
Je reçois l'accolade
Des camarades.
L'hiver, le froid l'est moins
Dans les transports en commun.

Je me rends, mains en l'air,
Par le funiculaire,
Vers la chaude prison
De ta combinaison.
Je poursuis mon rêve
Dans les transports en grève
Et le dernier cahot
Me réveille au dépot

Dans les transports en commun
Les filles sont nerveuses,
Les hommes ont le pied marin
Et la main baladeuse.
Sur la banquette
Où je me jette,
Je tords, le temps est long,
Mon ticket de carton.

Car l'allure est modeste
À cause des travaux,
Et mon coeur, sous ma veste,
Est un moineau.
Au hasard je rencontre
Le cadran d'une montre...
Si je te dis en plus
Que j'ai raté le bus,

Avec ce retard là
Tu ne m'ouvriras pas.
Autant faire demi-tour
Et remettre l'amour.
Dans le bois, je gratte
Nos deux prénoms
Avec la date
De péremption.

Dans les transports en commun...

2-08. Le Moucheron

Allongé sur mon pucier,
Je me repose les pieds,
Je me repose l'esprit,
Ce moment n'a pas de prix.

Un moucheron
Tourne en rond,
Tourne en rond
Sur le plafond,
Un moucheron
Tourne en rond,
Tourne en rond
Sous le néon.

Autant aller prendre un pot
Pour procurer du repos
A mes pieds, à mon cerveau,
Oui, mais voilà qu'a nouveau

Un moucheron
Tourne en rond,
Tourne en rond
Dans mon Picon,
Un moucheron
Dans l'bouillon
Apprend la brasse papillon.

Le Picon m'a donné faim
Et il faut y mettre fin,
Je m'invite au restaurant.
Je me plaint au chef de rang :

"Un moucheron
Tourne en rond,
Tourne en rond
Dans le cresson
Un moucheron
C'est pas bon,
Appelez-moi la direction", Ah ...
...L'amour,

Je n'ai plus qu'ce mot à la bouche
Depuis que cette sale petite mouche
M'a piqué dans mon sommeil,
M'a piqué à l'orteil

Ce moucheron
Ce vol brouillon,
Ce tourbillon
C'est Cupidon
Qui tourne en rond,
Qui tourne en rond,
Qui tourne en rond,
Comme un flocon.

Avec une joie canine,
Je m'en fus chez la voisine
Et le moucheron s'envola,
Et voici, et voilà.

Nous dansions,
Nous tournions,
Nous tournions
Sous les lampions,
Nous dansions
Nous tournions
Au son de l'accordéon.

L'amour m'a donné des ailes
Avec un peu trop de zèle,
J'ai l'esprit qui papillonne
Et les oreilles qui bourdonnent,

Les moucherons
Tournent en rond
Et me couronnent
Le citron,
Je suis le roi des moucherons,
Je tourne en rond,
Je tourne en rond,
Je tourne en rond... BZZzz.

2-09. Bella Ciao

Una mattina
Mi son'svegliato
O bella ciao, bella ciao
Bella ciao, ciao, ciao
Una mattina
Mi son'svegliato
E ho trovato l'invasore.

O partigiano
Porta mi via
O bella ciao, bella ciao
Bella ciao, ciao, ciao
O partigiano
Porta mi via
Che mi sento di morire.

E se io muoio
Da partigiano
O bella ciao, bella ciao
Bella ciao, ciao, ciao
E se io muoio
Da partigiano
Tu mi devi seppellire.

Mi seppellirai
Lassù in montagna
O bella ciao, bella ciao
Bella ciao, ciao, ciao
Mi seppellirai
Lassù in montagna
Sotto l'ombra d'un bel fiore

E la gente
Che passerà
O bella ciao, bella ciao
Bella ciao, ciao, ciao
E la gente
Che passerà
E dirà : "O che bel fiore".

E questo il fiore
Del partigiano
O bella ciao, bella ciao
Bella ciao, ciao, ciao
E questo il fiore
Del partigiano
Morto per la libertà

2-10. Les Tours D'horloge

Depuis ton départ,
Lyon est une gare
Et moi je suis resté lyonnais.
Tu es sur la ligne,
Moi à la consigne
Avec mes pièces de monnaie.

Et les tours d'horloge
Me serrent la gorge,
Chaque seconde me tue.
Sait-on où tu loges ?
Quand reviendras-tu ?
Comme ces questions sont pointues.

Et le long du Rhône,
C'est pour yon fantôme
Que je laisse pendre ma main.
Maudissant ton nom
Car, du cabanon,
Tu me fais prendre le chemin.

Et les tours d'horloge ...

Et puis tu reviens
Dans mon quotidien,
J'apprends pas le carnet du jour
Qu'aujourd'hui les cloches
Célèbrent tes noces
Avec un autre mon amour.

Et les tours d'horloge ...

Quand d'autres rencontres
Dérèlent ma montre,
Alors je connais le repos.
Mais à chaque fois
Que j'ai vent de toi,
Je cavale après mon chapeau.

Et les tours d'horloge ...

2-11. Bucéphale

Si ce maudit canasson
Remportait cette course
Ça renflouerait ma bourse
Et noierait le poisson.
Si ce maudit canasson
Remportait cette épreuve,
Peu importe qu'il pleuve,
Ça sauverait la saison.

Si ce vieux Bucéphale
N'est pas le bon cheval,
Je mange mon journal

Si ce maudit canasson
Gagne sur le papier,
Il reste à recopier
Tout ça sur le gazon.
Si un autre canasson
Vient mettre le désordre,
Il me reste la corde,
La balle ou le poison.

Si ce vieux Bucéphale
N'est pas le bon tuyau,
Je mange mon chapeau

Si ce maudit canasson
Renaissait de ses cendres,
Je serais l'Alexandre
Du débit de boisson.
Mais si un autre équidé
Sort du cornet à dés,
Je rend mon tablier
Et je me fais oublier

Si ce vieux Bucéphale
Ne vaut pas un jeton,
Je mange mon melon

Sur ce maudit canasson,
J'ai joué mon alliance
Pour sauver la finance,
Redorer mon blason.
J'ai le coeur qui galope
Et les poumons qui jonglent,
Je fume clope sur clope.
Et je mange mes ongles.

Si ce vieux Bucéphale
Ne sauve pas la mise
Je mange ma chemise.

Hélas le vieux Bucéphale
Est coiffé d'un cheveu
Par son petit-neveu
(Il s'en fallait d'un poil).
Ce n'est que partie remise!
Si cette jument grise
N'est pas le bon filon,
J'avale mon pantalon.

3-01. La Blatte

Dans ma chambre d'hôtel
Je souffle la chandelle
J'entends un petit bruit
C'est une blatte
Cet hôtel est infect
Pourri d'insectes
Cette petite blatte-là me gène.

Deux heures après minuit
La blatte est endormie
J'entends un petit bruit
C'est une mite.
Cet hôtel est infect
Pourri d'insectes
Cette petite mite là me gène.

Longue est la nuit
À fumer dans mon lit
À rallumer la bougie
Au moindre bruit.
C'est l'auberge espagnole
Toutes ces bestioles
N'existent que dans ma tête.

Longue est la nuit
À fumer dans mon lit
À rallumer la bougie
Au moindre bruit.

Puis au petit matin
La chandelle s'éteint
J'entends un petit bruit
On me gratte
L'araignée de ta main
Fait mon examen
Cette petite bête là, je l'aime ...

3-02. Ma Douceur

Ô ma douceur,
Je rentre à la maison
L'âme et le pantalon
Débraillés.
J'ai bu comme un siphon
J'ai la bouche en chiffon
Je reviens sans un rond,
Nettoyé.
Le nez en couleur
Et le teint rubicond,
Je rentre à reculons
Au foyer
Implorant ton pardon
Dans une sourde oraison
De hoquets, de jurons
Émaillée.

Ô ma douceur...

Ô ma douceur
Je rentre mais c'est long
Et j'en crache mes poumons
D'être à pied.
J'ai l'hiver aux talons
Et mon pauvre veston
Dans son rang de boutons
Veut bailler.
Un fond de liqueur
Et je tiens le ponpon,
Je risque le plomb
À brailler
Et le ciel me répond
Une pluis de postillons,
C'est un temps de saison
Vous croyez ?

Ô ma douceur...

En passant sur le pont
Je me dis : "à quoi bon ..."
Et puis : "allons, allons..."
Je riais
Et voilà que je pleure
Comme un petit qarçon
Dans les bras d'un piéton
Effrayé.
Il me remet d'aplomb
Car cet homme est maçon
Et moi, comme un pinson,
Égayé
Par son petit flacon
Je rentre à la maison
L'âme et le pantalon
Débraillés

Ô ma douceur...

Puis le jour moribond
Revient de l'horizon
Pour battre les buissons
les clapiers,
Moi je baisse le front
Comme un pilleur de troncs
Je rentre à la maison
Dévoyé.
Ô ma douceur,
J'ai peur de l'abandon
Je rentre à la maison
Te choyer.

Ô ma douceur
Ô mon doux compagnon
Mon toutou de salon
Je rentre à la maison
Je rentre à la maison
Je rentre à la maison...

Ô ma douceur.

3-03. Où Trouver Des Fleurs Un Lundi Soir Après Minuit ?

Comment mon coeur,
Où trouver des fleurs
Un lundi soir
Après minuit ?

Je sors sous la flotte,
T'en chercher un botte
Pour égayer notre maison.
Et pour effacer
Tout l'mal que j't'ai fait ...
Et peu importent les raisons,

Comment mon coeur,
Où trouver des fleurs
Un lundi soir
Après minuit ?

Quand le coeur traverse
Un petite averse,
Pour égayer notre réduit,
Un bouquet de roses,
N'est-ce pas ce qui s'impose
Un lundi soir Après minuit?

Je sors sous la flotte,
T'en chercher un botte
Pour égayer notre masure,
A l'heure où les durs
Sont dans la nature,
A l'heure où la rue n'est pas sure.

Comment mon coeur,
Où trouver des fleurs
Un lundi soir
Après minuit ?

Quand sur le trottoir,
Dans l'herbe de la nuit,
S'ouvre la fleur noire d'un parapluie,
Elle fume sa tige
Et donne le vertige
Montrant la lune au fond du puit.

"Voilà mon mon coeur,
Où trouver des fleurs
Un lundi soir
Après minuit."

Et comme ce commerce
Est l'seul qui s'exerce,
Pour égayer notre réduit,
Je rentre chez moi
Les yeux cernés de lilas,
Ce lundi soir
Après minuit.

3-04. Pickpocket

Dans votre dos,
Sans les courbettes,
Je fais ma cueillette.
Dans votre dos,
Pour être honnête,
Je suis pickpocket.
Quand le métro,
Dans un cahot, L'un contre l'autre nous jette,
Sous votre nez,
J'prends la monnaie
Avec mes pincettes.

Une belette
Escalade mon mur,
J'me croyais le coeur au sec.
Mais le sucre fait taire
Mon caractère de chien,
Ma mauvaise tête.
Dans un cahot, L'un contre l'autre nous jette,
J'repars avec,
Dans ma musette,
Son parfum de violette.

Le cheveux ras,
Fait comme un rat,
Au fond d'une oubliette,
Je nourris mes songes
Avec ce mensonge,
Avec cette bluette.
Je bois, je fume,
J'hurle à la Lune
Pour ma petite fauvette.
J'hurle à la mort
Quand je m'endors
Sur ma cigarette.

J'me rêve en ville,
J'me tient tranquille,
Assis sur la banquette.
Sa main dans la mienne
En est la gardienne,
La Petite-Roquette
Quand le métro,
Dans un cahot, L'un contre l'autre nous jette,
L'air frais me fouette,
J'entends les mouettes
Au dessus de nos têtes.

Le cheveux ras,
Fait comme un rat,
Au fond d'une oubliette,
Je nourris mes songes
Avec ce mensonge,
Avec cette bluette.
Quand je m'endors,
Je suis dehors
Depuis belle lurette.
Dans le métro,
Dans votre dos,
Je fais ma cueillette.

3-05. L'escalier

L'escalier tourne
Dans l'immeuble où je perche,
L'escalier monte
Au septième où je crèche.
Quand dans sa vrille
Je lâche une bille,
À la rembarde
J'écoute sa cascade
Jusqu'à la rue,
Sa course tordue.
Je lâche un rot
Dans ses anneaux.
Je sonne aux portes
Et mes jambes m'emportent,
L'escalier gronde
Que c'est quand même un monde.

J'habite au 2 rue papillon,
Vous reconnaîtrez la maison.

Chaque nuit,
L'escalier me tourmente.
Dans son puit,
Montent mes eaux dormantes.
Je vois des pièges
Dans ses arpèges.
L'escalier craque,
La concierge me traque,
À coups de trique
J'apprends la musique :
Leçon d'morale
Dans la spirale
Et dans la cage,
Je promet d'être sage
(Parole d'oiseau
Derrière les barreaux).

J'habite au 4 rue de la Lune,
Ceci est un couplet nocturne.

Chaque jour
Je grandis de la sorte
Qu'un beau jour,
Je me baisse aux portes.
Quant à l'amour,
Je tourne autour
Dans l'escalier,
Quand elle me dit bonjour,
C'est un rosier
Grimpant dans une tour.
Contre la rampe,
Entre deux lampes
Et entre ses bras,
Je quitte l'âge ingrat.
Sous le riz,
Nous quittons la mairie.

J'habite au 6 rue de la gaîté,
La porte n'est jamais fermée.

3-06. Le Bal Des Oiseaux

Au printemps de ma vie
Je quitte mon père
La ville attend
Petit rat des champs.
Une jolie fermière
Me dit : "où vas-tu ?"
"Monte derrière
Avec les laitues".
Les pieds dans le ciel
Chez les hirondelles
Nous filons doux
et la route est à nous.

"Petit, la vie est belle à l'école buissonière
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière
Les prés sonts verts, quel âge as tu toi?"

Au petit matin
Nous voilà en ville
J'ai déjà faim
Comme un crocodile
J'ai beau demander
Un café au lait
On n'me donne rien
Même un morceau de pain

La campagne se prête à tout, mais la ville pas du tout
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière

J'suis pas un voleur
Mais comment me nourrir
Je marche des heures
J'sais pas où dormir
A la fontaine
J'ai bu de l'eau fraîche
J'ai pêché l'amour
Ça ne mord pas tous les jours.
Mais ce jour là
Il y en avait pour moi, oui
La femme de ma vie
avait soif elle aussi

"Amour, la vie est belle dans tes bras de velours,
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière
Les prés sonts verts, quel âge as tu toi?"

J'ai trouvé une place
Au piano dans un bar
Le Miami Palace
Tout près de la gare
Tous les samedis soirs
Il y a des bagarres
Je chante mes histoires
Des trucs un peu noirs

Amour, je rentre tard mais demain c'est dimanche,
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière
Près de l'eau...

3-07. Les Malheurs Du Lion

Au café, rêvait un lion
Devant sa consommation.
Il voit venir une abeille
Vêtue d'un tailleur que raye
Le noir avec le soleil,
Une petite merveille.
Elle grésille, elle bourdonne
Avec l'accent de Narbonne
Et gentiment elle butine
Un diabolo grenadine.

Ainsi rêvassait le lion
Devant sa consommation.
Il voit venier un moucheron
Vêtu d'un complet marron
Avec des ailes sur le tronc
Et une mèche sur le front,
Qui grésille, qui zézaye
Avec l'accent de Marseille,
Qui lui casse les oreilles
Et lui arrive à l'orteil.

"Hé, petit, je suis le lion.
Allez, va jouer au ballon.
Tu peux t'éponger le front,
Avoir les jambes en coton,
Ici, c'est moi le patron,
C'est moi qui donne le ton.
Tu zézayes, tu grésilles
Et tu tournes autour des filles,
Un conseil : tiens-toi tranquille
Ou tu vas t'asseoir sur le grill.

T'es épais comme une fourmi
Et tu veux t'battre avec mi !
Allez, soit raisonnable, je suis trop fort.
Si tu t'en prends à la pègre
Tu finiras dans l'vinaigre,
Allez, tiens-toi tranquille, sinon t'es mort."

Le lion n'a rien vu venir.
Le moucheron, sans prévenir,
Lui a mis un coup d'saton
A la pointe du menton.
Il n'en revient pas, le lion,
Et ce n'est qu'un échantillon,
Un coup dans les testicules,
"Ca c'est de la part de Jules !
J'aime pas tellement qu'on m'bouscule
Quand j'me rince les mandibules."

Cette histoire est une fiction.
Moi, j'ai rencontré le lion.
J'lui ai mis, c'est ridicule,
Un coup dans les testicules,
Il m'a dévoré tout cru
Au beau milieu de la rue.
Je grésille, je zézaye
Et dans mon dos j'ai des ailes,
J'ai l'éternité au ciel
Grâce à mon exploit de la veille.